2 Le combat des femmes

Il est important à ce stade de mentionner que nous n’étions que deux femmes chargées de gérer les problèmes et les solutions techniques liés à notre enquête, nos homologues masculins étant moins enclins à remuer un passé compliqué.

Paola m’avait rejointe en cours d’enquête sans vraiment savoir dans quoi elle s’embarquait. Elle possédait un super réseau d’amis dans le domaine de l’informatique de la Banque d’Investissements et était constamment à la pointe des dernières technologies. Nous étions toutes les deux motivées et très solidaires. Nos devises étaient “On n’est jamais à l’abri d’un coup de bol” et “Excel est notre ami”. Avec Paola, tout était toujours bien structuré.

Son seul souci était de ne pas comprendre pourquoi son bureau était vide, tandis que ceux de nos collègues juristes étaient encombrés de dossiers papier ( le Covid n'était pas encore passé). Elle s’efforçait de leur expliquer les avantages du “zéro papier” inscrit dans la politique de la Banque. De mon côté, je ne comprenais pas pourquoi il était si difficile de prévoir le montant de l’amende. Les estimations fournies par les avocats oscillaient entre 1 et 9 milliards d’euros, soit l’amende la plus faible par rapport à la plus élevée infligée par les autorités pour cette infraction.

Paola et moi passions notre temps libre à construire des espaces de données à forte capacité pour stocker et analyser calmement toutes les informations recueillies. Nous avons ainsi créé le premier Data Lake Discovery, ce qui nous permettrait ensuite de réaliser toutes sortes d’analyses grâce aux énormes capacités de stockage et de traitement des données qui s’offraient à nous.

Lorsque la Banque a organisé le premier concours d’entrepreneuriat du groupe, axé sur l’utilisation des nouvelles technologies au service de la Banque, nous nous sommes portées volontaires pour participer à cette aventure. Nous avons proposé à notre direction un outil d’analyse des risques dans les litiges, qui s’appuierait à la fois sur les précédentes jurisprudences et sur la capacité de l’intelligence artificielle à trouver des liens de cause à effet.

Notre proposition a été bien accueillie par le Secrétaire Générale, devenu notre sponsor et nous avons été sélectionnées pour participer à cette aventure entrepreneuriale. C’était une occasion unique de concrétiser notre idée et de la mettre en œuvre avec le soutien de la banque. Nous avons constitué une équipe avec deux autres collègues juristes, et nous nous sommes plongées corps et âme dans le développement de notre outil.

Durant 9 mois, nous avons travaillé sans relâche, affinant notre concept, développant notre prototype et réalisant des tests approfondis. Nous avons rencontré des experts, des avocats et des décideurs clés de la banque pour obtenir leurs avis et leurs conseils. Chaque jour était un défi, mais nous étions déterminées à réussir.


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