3 De l’entreprise à l’entrepreunariat

Dans cet environnement d’entrepreneuriat, nous avons rapidement réalisé que nous étions différentes des autres start-up. En tant que salariées de l’entreprise, nous étions financées par cette dernière et nous démarquions des créateurs qui avaient souvent quitté le monde de l’entreprise avec une prime de licenciement, et qui se retrouvaient au chômage avec seulement deux ans pour réussir. Notre équipe de quatre femmes, composée de deux ingénieures et de deux juristes, sans expérience préalable en entrepreneuriat, attirait la curiosité des autres start-upers.

Cependant, nous possédions un avantage considérable qui faisait l’envie de tous : notre réseau. Nos deux amies juristes avaient établi des relations avec de nombreux cabinets d’avocats, et notre nouvel ami avocat américain était bien connecté dans le monde juridique mondial. En tant qu’ingénieures, Paola et moi étions également en mesure de trouver les meilleurs experts en intelligence artificielle grâce à notre expérience technique. Nous étions donc bien équipées pour naviguer dans ce nouveau monde.

Nous nous sommes lancées dans cette aventure, quittant l’univers de la Défense pour plonger dans l’atmosphère bienveillante des créateurs d’entreprises.

C’est au contact de ces entrepreneurs que j’ai réussi à effacer le mot “échec” de mon vocabulaire. En trente ans de carrière dans la banque, je n’avais jamais côtoyé des jeunes qui parlaient aussi simplement de leurs premiers, deuxièmes ou troisièmes échecs, tout en ayant la même certitude que Nelson Mandela « je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». J’ai rapidement appris à apprécier cette humilité qui donne la force de continuer malgré les obstacles.

La lucidité n'empêche pas l'espérance.

Une autre qualité que j’ai beaucoup appréciée dans cet environnement était la simplicité et la bienveillance qui régnaient. Le tutoiement était souvent de rigueur, la hiérarchie avait moins d’importance, et les cravates étaient reléguées au second plan. L’objectif commun était la réussite collective, car chacun avait un rôle clé à jouer. Ces éléments étaient un peu perdus dans le monde des grandes entreprises où j’avais évolué jusqu’alors.

Après neuf mois, il a été décidé d’un commun accord que Theolex prenne son indépendance, la banque devenant ainsi notre premier client. Nous voici donc lancées dans le monde des legaltechs, prêtes à relever de nouveaux défis et à apporter des solutions innovantes dans le domaine juridique.

Le passage de la banque à la création d’une start-up a été un véritable bouleversement pour moi, mais j’ai rapidement découvert une nouvelle passion et un élan d’énergie que je n’avais pas ressentis depuis longtemps.


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